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« Des informations mensongères » et « dangereuses ». Plusieurs organisations, telles que le Planning familial et la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), ont dénoncé jeudi 28 novembre la fronde conservatrice contre le futur programme d’éducation à la sexualité. « Des voix isolées mais véhémentes se font entendre pour attaquer ce programme et le vider de son contenu, voire pousser le gouvernement à y renoncer », déplore cette dernière dans un communiqué publié sur X, après la prise de parole remarquée du ministre délégué à la réussite scolaire, Alexandre Portier (LR), mercredi au Sénat.
Appuyant l’offensive d’organisations conservatrices en cours depuis plusieurs mois, M. Portier a estimé que le projet de programme, qui doit être présenté à la mi-décembre au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), n’était « en l’état pas acceptable ». Il s’est notamment engagé à ce que « la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles » et que les notions abordées soient « appropriées » à l’âge des élèves. L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est obligatoire depuis 2001 dans les établissements scolaires mais, dans les faits, peu appliquée.
Pour la Ciivise, « les informations mensongères qui propagent une peur infondée parmi les parents d’élèves doivent être rectifiées ». « Jamais », insiste-t-elle dans un communiqué, « le besoin d’instruire les enfants de manière progressive et ajustée à leur âge et de leur permettre de comprendre les enjeux de la vie affective et relationnelle, de l’intimité, du consentement n’ont été plus évidents et consensuels ».
En France, « 160 000 enfants sont chaque année victimes d’inceste et de violences sexuelles », des violences qui « provoquent chez les victimes des dommages profonds et durables », rappelle la Commission.
Même indignation au sein du collectif Pour une véritable éducation à la sexualité, mis en place en 2022 et qui compte dans ses rangs le Planning familial, la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), Sidaction, entre autres. Dans un communiqué publié jeudi, les associations dénoncent « l’usage de rhétoriques mensongères des mouvements anti-droits issus de l’extrême droite visant à empêcher l’aboutissement de ce projet essentiel ».
« Bénéficier d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle permet d’apprendre le respect de soi et des autres, d’appréhender le consentement, de lutter contre les stéréotypes et toutes formes de violences », écrivent-elles. « En pleine actualité du procès Pelicot, la nécessité de mettre en œuvre une éducation permettant de prévenir les violences et de mieux repérer les victimes ne devrait plus être à démontrer. »
A la mi-journée, la ministre de l’éducation Anne Genetet a déclaré que « la théorie du genre n’existe pas, elle n’existe pas non plus dans le programme » d’éducation à la vie sexuelle. « Ce programme, je le pilote, et la ligne de ce programme, c’est la ligne du ministère, il n’y a pas de théorie du genre dans ce programme », a-elle martelé en marge d’un déplacement à Marcq-en-Barœul (Nord), dans la banlieue de Lille, sur l’orientation. Ce programme « est très clair », « progressif », « adapté à tous les âges » et « permet d’apprendre des notions fondamentales comme le respect, comme le consentement, savoir dire non, ce que c’est qu’une fille, ce que c’est qu’un garçon », a-t-elle poursuivi.
La « théorie du genre » est l’expression utilisée par une frange conservatrice de la société qui s’inquiète des études et des enseignements ouvrant à une perception nuancée des différences entre les sexes. La polémique sur une prétendue « théorie du genre » enseignée à l’école française avait été virulente en 2014, portée par des mouvements conservateurs proches des opposants au mariage homosexuel et parfois de l’extrême droite.
Interrogé jeudi au côté de la ministre de l’éducation à Marcq-en-Barœul, Alexandre Portier a balayé le sujet, tout en affirmant ne pas « retirer un seul mot » de ses précédentes déclarations. « Il n’y a qu’une seule ligne, c’est celle du ministère », a rétorqué Anne Genetet, défendant « un programme qui puisse soutenir, accompagner nos enseignants, qui soit totalement clair et transparent ».
Annoncé par l’ex-ministre de l’éducation Pap Ndiaye et prévu initialement pour la rentrée 2024, ce projet doit être présenté dans le courant de décembre aux organisations syndicales. Ce texte, dont la version actuelle n’est pas encore définitive, fait l’objet de concertations depuis le printemps.
Le Monde avec AFP
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